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Sainte Anne III

Conçu pour satisfaire les commandes des yachtsmen bordelais et construit aux chantiers Auroux à Arcachon, « Sainte-Anne III » yawl aux formes très pleines, à la flottaison longue et aux lignes de carènes tendues, est particulièrement adapté à la croisière et à la plaisance confortable.

Construction

Le «Sainte Anne II » est un yawl construit en 1933 dans les chantiers Auroux. Construit à l’origine pour M. Lelièvre, membre du yacht Club de France, il obtient son certificat de jauge en1933 à Bordeaux.
Le bateau est construit en teck. Les élancements sont très réduits, la grande longueur de flottaison a permis de tirer les lignes de la carène. Ainsi ce bateau, très raide à la toile grâce à son tirant d’eau de deux mètres et sa largeur de 4 mètres, a cependant un maître couple assez faible et donne une vitesse remarquable aussi bien par petit temps que par forte brise. Très assis sur l’eau, il gîte peu, qualité appréciable en croisière.

Le grand plan mince de sa quille lui permet de serrer le vent d’une façon remarquable. Le bateau est strictement dans ses lignes sans aucun lest intérieur. La mâture en spruce creux et le gréement sont établis à la façon des plus modernes yachts de course, de sorte que malgré les 120 m² de toile que la maison Claverie a fourni, M. Lelièvre navigue avec un seul marin.

Les emménagements sont très spacieux, même dans le poste qui laisse largement hauteur d’homme grâce à la grande longueur de flottaison. Aussitôt après les essais en rade d’Arcachon, qui n’ont donné lieu à aucune retouche, le Sainte Anne III a appareillé pour Belle-Île et Quiberon, son port d’attache. Ses qualités de tenue de mer sont aussi satisfaisantes que celles de vitesse et de maniabilité. Claude Auroux, qui a dessiné le yacht, gardera pour la croisière cette formule de bateau à faible élancements, aux formes très pleines au-dessus de l’eau, avec une flottaison longue et des lignes de carène tendue, bateau large et aussi profond que possible.

Protégé au titre des monuments historiques le : 28/12/2011

Chantier et architecte

Claude Auroux installe ses chantiers à L'Aiguillon en 1927 à l'âge de 24 ans. En 1928, il livre son premier yawl «Yannetta» installant dès lors la réputation de ce jeune entrepreneur-architecte. Les chantiers Auroux ont traversé l’histoire de la construction navale sur le bassin d’Arcachon pendant 56 an,s jusqu'en 1984. Ce furent d’importants chantiers terrassés par la crise de la construction navale des années 1980. 
Avant la seconde guerre mondiale et au gré des marchés, les chantiers Auroux évolueront entre la construction de yachts classiques en bois, à voiles ou à moteur, la construction de pinasses ou autres bateaux de service pour les administrations de l’état. 
Puis après guerre, en 1956, le chantier abandonne la construction en bois pour passer à la construction acier, construisant d’importantes unités pour le commerce, chalutiers, remorqueurs, pétroliers et pour différentes marines militaires une série de patrouilleurs rapides de 40 mètres.  
Ce chantier, aujourd'hui disparu, à réellement marqué l’histoire du bassin d’Arcachon. Quelques belles unités de yachts à voile dont «Danaé» le yawl de la famille Auroux, «Yanetta», «Sainte Anne III» et  «Colomba», les motor yachts «La Somme II», «La Horraine», les monotypes d'Arcachon en témoignent.

Changement de propriétaires et de noms

À partir de 1937,  «Sainte Anne III» va connaître six propriétaires successifs. Le 10 novembre 1937, il est vendu à Henry Gutzeit habitant à Saint Servan qui le rebaptise le «Noreg III» et le déclare au port de la Trinité sur Mer le 24 mai 1938, il rejoint Saint-Malo et trouvera refuge dans les ports anglais durant la seconde guerre mondiale.

En 1947 Christiane Gori de Paris achète le bateau. En 1955 il change de nom et devient « Louis Jo » en 1955 puis racheté par Jean Viant en 1968 qui le fait naviguer pour la première fois en Méditerranée.

Attaché au port de Marseille, il change rapidement de propriétaire et devient le nouveau bateau de Yvan Lobgeois qui le rebaptise « Apoblivor » et découvre l’Ile d’Elbe où José Bianchini le rachète en 1983. Ce dernier le fera naviguer aux Antilles, participera à la Nioulargue en 1988 (au sud de Saint-Tropez) retrouvera finalement son nom d’origine et naviguera en Corse, au port de Saint Florent jusqu’en 2009.

Retour en Atlantique

En 2010 Saint-Anne III retrouve les eaux de l'Atlantique avec son actuel propriétaire rochelais. Il y retrouve un bateau construit selon la même technique, «Colomba», également sur les quais du musée maritime de La Rochelle.

Quant au propriétaire voici qui devrait vous en dire un peu plus sur ses motivations :

« J’ai grandi baigné par les bateaux, la mer et la navigation. En Optimiste et 420 puis en Hobbie Cat 16, mon enfance était rythmée par les mercredis sur l’eau et les après-midis consacrées à l’entretien aux clubs de voile de Saint Jean d’Acre à La Rochelle. Mes parents avaient un petit voilier de 6,50 m et nos week-ends et les vacances se passaient souvent en mer. Mon père était à cette époque moniteur de voile, devenu skipper par la suite. Il nous a transmis son virus qui fait qu’aujourd’hui avec mon frère, lui aussi devenu moniteur de voile, notre vie tourne autour de la voile. Pour ma part, j’ai toujours été en admiration devant les vieux gréements. Ma passion pour le bois en est sûrement la cause... »
Nicolas CHANTELOUP

Caractéristiques

Année1933
TypeYawl
ArchitecteClaude Auroux
ChantierAuroux (Arcachon)
Longueur hors tout20,40 mètres
Longueur pont15,30 mètres
Longueur flottaison13,30 mètres
Bau maximum4,06 mètres
Tirant d'eau2,50 mètres
Tirant d'air19 mètres
Déplacement27 tonnes
Surface maximale de voilure au près100 mètres carrés
Grand-voile60 mètres carrés
Génois40 mètres carrés
Trinquette25 mètres carrés
Clinfoc10 mètres carrés
Artimon30 mètres carrés
MoteurVolvo penta MD 47 de 80 cv
AgrémentÀ l'année le 09/11/2009