Iléanou

« Iléanou » est un dériveur lesté à cabine de type « Pirate », conçu par l’architecte naval François Sergent en 1956. Entre petite plaisance et yachting classique, il incarne la période du développement de la navigation pour tous.

Histoire

La vie n’est pas un long fleuve tranquille même pour les dériveurs. Dans les années 1970, le bateau s’échoue à Saint-Savinien (17). Restauré, il prend l’eau à Fort-Lupin sur la Charente. Réparé, il est heurté par une plate ostréicole un jour de tempête.
Coque éventrée, roof arraché, pillé, son histoire aurait pu s’arrêter là, mais son propriétaire le répare et il navigue avec jusqu’en 2002.
Lors du rassemblement des « plans Sergent » organisé par le Musée maritime à l’occasion du cinquantenaire du yacht classique Eloise II en 2007, Iléanou est le seul représentant de la série conçue pour rivaliser avec le « Corsaire » de Jean-Jacques Herbulot.
Mais à son retour, une nouvelle voie d’eau apparaît. Démâté, il attend 2018 l’arrivée de trois copains qui lui rendent une nouvelle jeunesse.
En 2024, après un an de travaux, Iléanou est de retour avec deux nouveaux armateurs. Anciens de la Société des Régates Rochelaises, ils ont fait un excellent travail de restauration. Le petit « Pirate » mérite après toutes ses aventures sa place avec les
grands. 

Architecte

François Sergent est né à Paris le 18 mai 1911, rien ne le prédestine à l’architecte navale. A 18 ans, bac littéraire en poche, il se destinait à la marine marchande, mais la crise des années 1920 sonne le glas de sa carrière de capitaine au long cours, les officiers ne trouvant pas d’embarquements. Il part en Angleterre et y fait ses premières armes d’architecte naval en « croquant » pendant ses loisirs, les voiliers conçus par les grands maîtres comme Fife, Nicholson, Reimers… Au début des années 1930, il revient en France comme enseignant et passe ses loisirs à naviguer comme matelot et à dessiner des bateaux (premiers plans en 1933). Ce n’est qu’à partir de 1944 qu’il décide de se consacrer exclusivement au métier d’architecte naval qui jusqu’alors ne lui permettait pas de nourrir sa famille. Tout au long de sa carrière, entre séries et unités spécifiques, il réalise plus de 290 plans ! Après avoir dessiné des embarcations légères (canoës équipés de voiles et dériveurs de régate, dont le fameux Caneton),  il se consacre à la conception de voiliers de course et de croisière : le « Grondin » premier voilier habitable en collaboration avec J.J. Herbulot (1945), le « Mistral » (1950), la « Bonite »(1952) et le « Pirate » en 1956...  
Il s’illustre notamment dans la décennie 1950-1960 par la réalisation de grands voiliers destinés aussi bien à la croisière qu’à la course au large : Varna II, Éloise, Aquilon, Thétis II, Éloise II, Marie Christine III, Thalamus… La sélection des deux sisterships Éloise II et Marie Christine III dans les équipes françaises de l’Admiral’s Cup ainsi que les commandes de nombreux navires de propriétaires, construits à l’unité dans des chantiers réputés (Hervé, Pichavant, Rameau...), témoignent de sa réussite dans ce domaine. Avec la venue de l'industrie nautique, il conçoit des voiliers modernes pour les chantiers Amel, B2 Marine et surtout pour les Constructions Nautiques du Sud-Ouest. François Sergent aimait naviguer, tester les bateaux qu’il avait dessinés afin de faire évoluer leur conception. Il estimait cette pratique bien supérieure à la modélisation informatique et assurait que « l’ordinateur a sclérosé l’imagination créatrice et le sens esthétique des architectes ». Il nous a quitté en 2000, ses cendres ont été répandues dans le Pertuis d’Antioche. Paule Sergent son épouse a légué conformément à son souhait ses plans au musée maritime de La Rochelle.

Caractéristiques

Année1967
TypePirate
ArchitecteFrançois Sergent
ChantierNautic Saintonge (Saujon, Charente-Maritime)
Longueur hors tout5,50 mètres
Longueur flottaison5,40 mètres
Bau maximum1,90 mètres
Tirant d'eau1,20 mètres
Déplacement0,55 tonnes
MoteurHors bord deux temps essence
Agrément31/01/2019